Comment en vient-on à traduire du hentai ?
Chacun a sa propre histoire. Pour ma part, ce site est l’aboutissement de toute l’expérience que j’ai acquise au fil des années. Voilà plus de dix ans que je traduis, rédige, révise et corrige fanfictions, sous-titres et sites bilingues à tour de bras… et que je lis du hentai à mes heures perdues.
En parallèle d’un cursus universitaire de langue, je me suis forgé une culture et un savoir-faire axés sur des domaines mal connus et trop peu souvent associés (traduction et graphisme). Ainsi, fin 2016, je lançais Fucked Silly pour tester mes capacités, assisté du très avisé Rin (de chez Rin Scans). Aujourd’hui, plus qu’un passe-temps, c’est un métier. Je continue de produire quelques traductions gratuites au gré de mes envies que je publie ici, mais ce site n’a pas vocation à grandir ou atteindre un but quelconque.
Mais pourquoi du hentai ?
La traduction de manga est un domaine unique. Lorsqu’on travaille seul, ça requiert de la méticulosité et une aptitude au multitasking aiguisée, en plus de capacités inhérentes à la traduction : il faut tout traduire à part, nettoyer les scans, effacer et remplacer le texte d’origine, puis redessiner tout ce qui le nécessite.
Mais la grosse différence avec un manga normal réside bien entendu dans le contenu : la sensation d’intimité induite par ce type d’ouvrage procure une sorte d’euphorie (intellectuelle) qui pousse à redoubler d’efforts et d’attention pour ne pas décevoir le lecteur. Au niveau graphisme, les pages sont généralement plus riches et détaillées que la normale, et l’édition requiert un soin qui est malheureusement encore trop peu de mise hors du Japon et des États-Unis (sans parler des traductions littérales à vous filer une demi-molle…).
On ne devient pas traducteur de hentai (même traducteur de manière générale) simplement parce qu’on en a envie, il faut se donner les moyens en termes de rigueur et savoir mobiliser les connaissances adéquates au moment adéquat pour retranscrire les idées d’origine de manière fidèle et fluide.
Même si ça peut être épuisant à la longue, c’est gratifiant de sentir la charge de travail évoluer et se répartir différemment en fonction de l’histoire. On réutilise les mêmes outils, mais on a la perpétuelle impression de faire quelque chose d’inédit !
Fucked Silly, en quel honneur ?
Lorsque je fais face à un concept que je comprends parfaitement, qui est formulé en un ou deux mots dans la langue d’origine, mais qui ne peut être retranscrit que par une périphrase dans la langue cible, je verse systématiquement une petite larme.
L’expression anglaise to fuck someone silly signifie en gros « baiser quelqu’un à lui en faire perdre toute notion de réalité », que les Japonais associent au terme ahegao (« [faire une] drôle de tête »).
C’est la première expression sur laquelle j’ai buté au lancement de ce projet, tout simplement. 🙂